ISAAC CORDAL ou l'artiste aux petits bonshommes
- Louise Neon
- 7 déc. 2020
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 déc. 2020
Tu savais que les artistes faisant du street art sont très engagés ?
Isaac Cordal est un artiste espagnol, né en 1947, à Pontevadra. Il a étudié la sculpture à l’école des Beaux-arts de sa ville natale. Puis, il a suivi une formation de cinq ans à l’école Canteiros, un établissement spécialisé dans les métiers de la pierre. Il vit actuellement entre Bruxelles, Londres et Pontevadra.

Il s’est fait connaître avec son projet Cement Eclipses: une série de figurines humaines de 15 cm fabriquées en béton. Ces petites sculptures sont installées et photographiées dans différents endroits des villes. Ces petits bonshommes se retrouvent ainsi dans des fissures, des lignes électriques, des tuyaux ou encore des fenêtres.
Ces œuvres ne sont pas réalisées au hasard. En effet, elles mettent en scène le même stéréotype social : un homme d’âge moyen, habillé d'un costume cravate. Elles font réfléchir sur le rôle et la place qu’occupe cet homme dans la collectivité. De nombreux thèmes sont ainsi traités : le réchauffement climatique, la bureaucratie, la solitude...
C’est ainsi que dans son œuvre Waiting for climate change, on retrouve ses petits individus au sommet de poteaux portant des bouées de sauvetage. Cette œuvre présente de façon ironique la triste réalité de certains quant à l’inefficacité face à la dégradation de la planète.

“J’aime considérer le street art comme une forme de combat. Cela me plaît d’y voir un dialogue entre un lieu et ses habitants, entre la société et ses leaders…”
Une autre de ses œuvres emblématiques : Follow the leader, a eu lieu à Nantes. Elle rassemblait près de 2000 statuettes dans une ville miniature s’étalant sur 360 m2. Une œuvre qui, encore une fois, est supposée représenter une grande partie de nous. On retrouve cet homme désabusé qui fait réfléchir sur les conséquences du régime capitaliste.

Isaac Cordal, comme tout street artiste produit un art social, dénonciateur. La taille des figurines est significative. En effet, elle traduit l’écrasement supporté par chacun face à tous les fléaux que l’on rencontre (le réchauffement climatique, la misère, l’oligarchie...)
« L’art devrait être le miroir de la société ».
En 2015, il sort une œuvre intitulée The School et qui se trouve en Belgique. Il représente une usine en salle de classe pour dénoncer l’industrialisation du savoir et l’industrialisation de la pensée. La mise en place de l’école reflète comment l’éducation est, selon lui, devenue une industrie où les écoles sont devenues des entreprises et les étudiants une clientèle. La culture des bénéfices a ainsi détruit les valeurs de la connaissance en considérant l’inutile de tout ce qui n’est pas productif.

The family représente la société capitaliste. Cette installation est composée de modules de ciments, des clapiers à lapins sont transformés en petits bureaux dans lesquels les personnages sont enfermés. La lumière est blafarde, ils apparaissent comme des esclaves du XXème siècle, des esclaves modernes.
Ces travailleurs semblent enfermés dans leur bureau, cela représente bien la société actuelle où l’on passe beaucoup de temps, parfois plus que dans sa propre demeure et auprès de ses proches. Le bureau devient ainsi l’extension de la maison.
« Le progrès a été globalisé au bénéfice de quelques-uns. J’espère qu’un changement va survenir, et humblement, à travers mon travail, c’est ce que je demande. »
Ses sculptures peuvent ainsi être retrouvées dans les rues de villes comme Londres, Berlin, Milan, Bruxelles, Barcelone, Bogota ou encore San José.
En France, ces œuvres sont aussi cachées dans différentes villes : à Sète, Paris ou encore à Bayonne. Cet artiste joue avec le mystère en cachant subtilement les adresses précises de ces œuvres.
Il te faudra donc être curieux pour pouvoir découvrir son univers !
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