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Le RAP et la Street cohabitent

  • Yali Sylla Bezier
  • 7 déc. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 déc. 2020

Comment parler de street art, sans la culture HIP-HOP ?


Le hip-hop n’est pas un simple mouvement culturel. Il s’enracine dans la révolte sociale des quartiers populaires.

Ce courant musical et artistique provient du Bronx et des quartiers populaires de New York. Ces territoires sont laissés à l’abandon par les pouvoirs publics. L’éducation, la santé, les aides sociales disparaissent. Les logements sont laissés délabrés. La jeunesse grandit dans le chômage et la misère


Le hip-hop a également des racines en Jamaïque. Le reggae apparaît comme le plus vieux parent du rap. Bob Marley et la génération roots inventent un nouveau

Mouvement.




En 1968, une vague de contestation déferle en Amérique et dans le monde. Les Blacks Panthers s'organisent dans les quartiers. Ils décident de s’associer aux gangs qui attirent les prolétaires et les opprimés.

La police, ennemi commun des gangs et des révolutionnaires, subit alors des attaques redoutables.



Les jeunes en rupture avec le système rejoignent les gangs pour ne pas rester isolés. Mais la violence se déchaîne et la jeunesse aspire à autre chose. Lorsque les gangs posent les armes, ils se tournent vers la musique.








Kool Herc s'impose dans le Bronx à travers sa musique. Les Sound Systems se répandent. Le graffiti, la break dance et la musique permettent d’affirmer une identité individuelle qui n’est plus liée aux gangs. La violence est remplacée par le cool dans la hiérarchie des quartiers. Le Bronx reste animé par le règne de la violence.


Afrika Bambaataa demeure le plus mystérieux des fondateurs du rap. Il devient une figure incontournable des gangs en raison de sa capacité à nouer des liens avec chaque bande rivale. Il décide alors de rassembler par sa musique pour arrêter les guerres de gang. La créativité et la liberté priment sur les revendications sociales.


Mais l’industrie du disque s’empare rapidement du hip hop. Des morceaux de trois minutes sont formatés pour les radios. De même, les graffitis rentrent dans les galeries d’art. Le film Style War permet de faire découvrir toute la richesse de la culture hip-hop.


Les années Reagan plongent l’Amérique dans une ambiance réactionnaire.

Mais le night-club doit permettre d’échapper à cette époque oppressante pour sortir des règles et des restrictions de l’ordre social. Les clubs doivent inventer une alternative politique et une utopie sensuelle, plus vendeuse.

Mais le chômage et la misère ne cessent de croître. Le rap n’ignore plus les problèmes sociaux et les paroles deviennent plus négatives

L’ambiance change.

Un jeune graffeur noir est tabassé par des flics et est laissé pour mort. Désormais, la presse dénonce la culture hip hop associée à l’illégalité et à la délinquance.


Le groupe Public Enemy propose un rap clairement politique. Il entend renouer avec l’héritage des Blacks Panthers.




Notamment, Spike Lee qui devient le premier cinéaste noir à Hollywood. Ses films évoquent la situation des noirs et proposent un regard critique sur la société américaine. Ses productions indépendantes cartonnent au box-office. Public Enemy souhaite également s’approprier les médias pour porter un discours alternatif.

La génération hip-hop s’empare de la culture populaire pour en faire un nouveau front de lutte.


En 1988, la campagne de Jesse Jackson aux élections présidentielles effleure les années 1960. Le programme radical des Blacks Panthers s’associe avec un optimisme des urnes. Mais le candidat connaît des dérapages antisémites. La traditionnelle alliance des Noirs et des Juifs se brise. Aucun leader noir ne semble émerger. La jeunesse se détourne d’un mouvement qui semble politicien et poussiéreux. La génération hip-hop incarne désormais la contestation noire.


"Boyz-N-The Hood" apparaît comme un rap médiocre et souvent machiste. Créé par Jonathan Jackson, il devient un véritable mythe générationnel. Dans Les frères de Soledad, le prisonnier George Jackson recueille des lettres écrites à son frère Jonathan au sujet du communisme, du sexe, de la résistance. Jonathan Jackson tente d’échapper à la peine de mort en s’évadant du tribunal avec un flingue collé sur la tempe du juge. Le détenu est tué. « Boyz-N-The Hood » incarne alors le mythe d’une jeunesse révoltée et traquée par la police.



Durant les années 1980, la violence se durcit dans la rue. Le rap se diffuse à travers des cassettes faites maison. La violence, le crack, les flingues, les gangs sont décrits par la musique hip hop.

Le gangsta rap se développe, de manière plus sauvage. De nouveaux artistes inventent un style direct. Cette musique repose sur la théâtralité et la menace. La puissance des mots doit libérer de l’oppression intériorisée pour devenir une nouvelle poésie noire et la rébellion la plus cool.


En 1992, à Los Angeles, la police tabasse un jeune noir : Rodney King. Des émeutes éclatent. Les noirs et les latinos participent activement à ce mouvement. En revanche, les commerçants coréens subissent des dégradations. « Pas de justice, pas de paix » devient le slogan scandé par les émeutiers.La répression se durcit.



La guerre contre les gangs s’apparente à une guerre contre la jeunesse. La loi interdit le regroupement de jeunes dans la rue. Les noirs subissent fortement la répression et composent la majeure partie de la population carcérale. Les réactionnaires investissent également le terrain culturel et ne cessent de dénoncer le rap qui véhicule la violence et des paroles sexuellement explicites.



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