Femmes du Street Art
- Loreina Michoux
- 8 déc. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 déc. 2020
Souvent sous-représentées dans le domaine du Street Art, les femmes font pourtant partie de l’histoire de l’Art Urbain. Comme les garçons, on va retrouver des femmes graffer sans autorisation, elles ont elles aussi passé des nuits au poste elles exposent également leurs œuvres en galeries.
Dès le début, les femmes ont pris leur place dans la rue tout comme les hommes, les talents féminins étaient bien là !
Lady Pink, ou Sandra Fabara par exemple, surnommée « première femme du graffiti » elle fut l'une des premières femmes active et reconnu parmi les pionniers du graffiti urbain au début des années 80. Issue de la culture new-yorkaise des années 80, elle a su se faire entendre et accepter dans un milieu qui à l’époque était exclusivement masculin.
Née à Ambato en Équateur, en 1964. Elle arrive dans le Queens, à New-York, en 1972. C’est à 15 ans qu’elle peint ses premières œuvres, et envahit le métro new-yorkais, elle utilisait à l’époque le nom de son petit ami de l’époque. Elle va intégrer de nombreux crew tels que TPA (The Public Animals) ou TC5 (The Cool 5).
Son style évolue au fil des années, passant de old school pendant sa période de subway art à wild style lors de son passage en atelier. À partir des années 2000, le figuratif entre peu à peu dans ses compositions, avec une forte influence psychédélique.
En 1982, elle tient un rôle principal dans le film Wild Style. En 1984, elle réalise sa première installation personnelle, intitulée Femmes Fatales, au Moore College of Art Design. En 1985, elle va cesser de peindre dans le métro new-yorkais et décide de se consacrer à dans les fresques murales, sur commande, et à des peintures sur toile.
Elle s’impose ainsi par ses propres moyens dans le monde et le marché de l’art, sans pour autant ne jamais avoir suivi de formation académique.
Les peintures de Lady Pink sont dans les collections suivantes : Whitney Museum of American Art, Metropolitan Museum of Art, Brooklyn Museum, Musée de Gronongue.
Lady Pink dirige également sa société de réalisation de fresques avec son époux, le graffeur Smith.
C’est une réelle légende à laquelle les femmes s’identifient et plus particulièrement, les femmes qui s’adonnent à cet art, elle sera une source d’inspiration. De plus c’est un excellent exemple pour illustrer la thématique de notre blog qui est l’évolution du Street Art, et sa commercialisation.
Dans les années 90 en France, des talents comme Miss Van sont apparus et ont couvert de façon féminine les murs de nos villes, de Toulouse à Paris


Depuis, quelques femmes ont réussi à s’imposer, à se hisser parmi les grands noms du mouvement. Mais pas seulement derrière leurs œuvres elles transmettent des messages et leur engagement dans des causes qu’elles défendent. Messages profonds se mélangent à la beauté de leur art.
Ainsi, l’artiste américaine Swoon, fait partie des talents à noter, Caledonia Curry, née en 1977 à New London (Etats Unis).
Elle s’installe à New-York à l’âge de 19 ans. C’est durant sa vie d’étudiante qu’elle s’essaie au street art et qu’elle recouvre les murs de New-York avec ses collages.
Elle choisit les murs de sa ville comme galerie à ciel ouvert.
Swoon est une artiste engagée, une humaniste qui parcourt le monde, le contemple et tente de transmettre un message de paix. Ses personnages sont tous issus de ses rencontres lors de ses voyages. SWOON est devenue une artiste reconnue sur le plan international.
Depuis 2005, elle est invitée à participer à de nombreuses expositions dans les musées les plus prestigieux à travers le monde, comme le Geffen MoCA de Los Angeles, Tate Modern de Londres, MoMA de New York…


Au printemps 2014 Swoon présente sa première exposition personnelle au Brooklyn Museumof Art de NY, sous la forme d’une installation monumentale construite sur place.
En duo avec Missill, elle investit les rues de la capitale avec le projet OPEN YOUR EYES : 30 pochoirs en format XXL.

Les 30 lieux qui abritent leur projet n’ont pas été choisis au hasard !
Si vous prenez une carte de Paris et que vous reliez les 30 lieux les uns aux autres, vous verrez apparaître l’esquisse du visage qu’elles ont peint dans les rues.

Artiste engagée, son projet baptisé Back to the roots (2009) est l’un des plus personnels
C’est un projet d’art urbain sur l’histoire et la culture guadeloupéenne. Ce projet se réfère à ses racines la culture guadeloupéenne, la tradition, l’histoire, les blessures (comme l’esclavage).

Elle voyage à travers le monde et peint dans les environnements qu’elle traverse des portraits de femmes admirables du monde qu’elle nomme les « impératrices ». À travers de nombreux projets, Yz rend un hommage aux femmes qui ont marqué l’histoire, et aux canons de beauté de l’époque.

Après avoir essayé une multitude de techniques, elle trouve son style avec la technique du lavis (technique chinoise ancestrale) qu’elle travaille du plus foncé au plus clair.
La technique du lavis consiste à dessiner et à peindre avec une seule couleur (pour Yz, le noir) que l’on dilue avec plus ou moins d’eau pour obtenir un dégradé de couleurs (Yz utilise 8 dégradés de gris). On l’associe souvent à la peinture aquarelle.

Ainsi la part des femmes dans le Street Art soit importante, c’est dans la qualité de leurs œuvres et de leurs messages qu’elles arrivent à se distinguer. Souvent engagées, féministes et humanitaires. Aujourd’hui, de nombreuses artistes urbaines mettent leur talent au service de leurs convictions. Elles se servent de l’art comme d’une arme pacifique.
Tout le monde peut décider de créer dans la rue, quel que soit son statut social, son origine, son niveau d’éducation et son genre.
La sous représentation des femmes dans ce mouvement peut s’expliquer peut-être à l’histoire de l’Art Urbain, indissociable d’une pratique « vandale » illégale, avec l’image de mauvais garçon avec sa bombe aérosol et son sweat-shirt à capuche !
Mais les choses ont évolué et évoluent, on compte de plus en plus de femmes parmi les artistes urbains. Et certainement plus qu’il n’y paraît puisque de nombreux pseudonymes, comme celui de l’espagnole Btoy, n’indiquent pas le genre, et rappelons que le Street art à la base est un art qui veut l’anonymat pour pouvoir se faire entendre de tous sans distinctions. Le Street Art est un univers où les œuvres sont plus importantes que les artistes eux-mêmes et l’identité ne se peut révéler qu’avec la reconnaissance.
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