Luxe et Street art, Une union qui marche
- Loreina Michoux
- 8 déc. 2020
- 6 min de lecture
Ici on va parler de l’étroite relation qu’entretiennent le luxe (oui oui le luxe) et le Street Art !
On retrouve de nos jours une union entre le Street art et la mode. Les marques, mêmes les plus luxueuses, vont s’emparer de ce mouvement qui à la côte et qui séduit les consommateurs.
Aujourd'hui médiatisés, les artistes du Street Art sont passés de l'ombre à la lumière (même si certains préservent leur anonymat).
Leurs créations sont exposées dans les musées, les galeries et les salles de vente. Et même dans les boutiques des marques luxueuses qui ne jurent que par eux.
De grands noms de la scène du Street art vont alors collaborer avec des marques.
À l'aube des années 1980, Keith Haring, pionnier engagé de l'art urbain, peignait déjà ses hiéroglyphes sur un top pour la créatrice Vivienne Westwood.

"Depuis quelques années, les marques ont compris que le street art était un moyen de toucher de nouveaux consommateurs et de casser leur image en s'inspirant de la rue.”
On en déduit que les collaborations se concentrent davantage sur les éditions collectors, l'éphémère et la réinvention des modèles iconiques.
La collab' Kaws et Dior
Kaws, pour le premier défilé de Kim Jones chez Dior Homme en juin 2018, va réaliser un personnage de dix mètres recouvert de fleurs représentant le personnage de Monsieur Dior et son chien Bobby.
Cette création a nécessité quatre jours de montage, la sculpture est nommée BFF et a nécessité plus de 70 000 fleurs fraîches dont des pivoines et des roses qui ont été posées dans des pipettes à eau et assemblées afin de donner vie au personnage imaginé par Kaws.
Le défilé s’est déroulé le samedi 23 juin, les invités ont pu découvrir cette œuvre d'art gigantesque entreposée au centre du podium.
Virgil Abloh, Victoria Beckham, Lenny Kravitz, Naomi Campbell, Kate Moss ou encore Robert Pattinson ont été installés aux pieds de la statue, d'où ils ont pu admirer les mannequins défilant en cercle autour de BFF.
Une peluche à l'effigie de cette statue est maintenant disponible à l’achat en édition limitée dans certaines boutiques Dior, au prix de 7500 dollars. Avant la commercialisation de cette peluche, l’une d’elle avait été mise aux enchères sur StockX à un prix de : (attention les yeux) 9 999 999 dollars
La collaboration avec Kaws ne se limite pas à cette impressionnante statue. L'artiste américain a été invité à collaborer avec Dior pour redessiner l'iconique symbole de l'abeille, un des codes de la maison Dior. Il va imaginer cette abeille en version cartoon : elle se pose sur les vêtements et les accessoires, comme sur le sac cannage découpé au laser imaginé par Kim Jones.

C’est comme cela que le street art va être invité par petite touche dans les collections de Dior, transformant chaque accessoire en œuvre d'art en série limitée.
Les bagues qu’ils proposent mettent l’accent sur la qualité des matériaux et leur préciosité. L’imprimé oblique de la Maison de Haute Couture française en couleur rose figure maintenant parmi les points forts de la collection.
La collection Kaws x Dior est disponible sur le site de Dior, ainsi que dans les pop-ups Meatpacking à New York, Maxfield à Los Angeles, Dover Street Market à Londres et à Dubaï Sole aux Émirats Arabes Unis.
"Cette réinvention du sigle ou son détournement assumé aujourd'hui par les marques vient justement des graffeurs, qui avaient l'habitude de les taguer sur les murs et de les modifier pour en faire des parodies ou des fakes. Plutôt que s'inscrire contre cette tendance, le luxe se l'est appropriée",
souligne Lucile Le Goallec, chef de projet du bureau Nelly Rodi. Quelques heures après son lancement, la collection était déjà en rupture de stock.
La collab’ Dior / Shawn Stussy

On retrouve également une collaboration de Dior et Shawn Stussy avec la paire de sneakers « SNEAKER B23 HAUTE »
Les sneakers B23 hautes sont ornées d’un patch abeille brodé et d’une signature Dior et Shawn sur le côté. Elles sont bien évidemment imaginées en collaboration avec Shawn Stussy.
Le fondateur de la marque Stussy, Shawn Stussy, est un fabricant californien de planche de surf. Le logo de la marque tient ses origines des années 1980, durant lesquelles l’artiste signait ses planches en inscrivant son nom de famille à l’aide d’un large marqueur. On peut donc clairement assimiler la marque Stussy au Street Art, à la culture hip hop et streetwear.
Je ne sais pas toi, mais je suis tombée amoureuse de cette paire !
Louis Vuitton est connu pour son ouverture au monde de l'art urbain et collabore avec de nombreux artistes issus du street art.
La collab’ Louis Vuitton / Stephen Sprouse
Marc Jacobs, alors à la direction artistique de Louis Vuitton, va aller outre des codes du luxe et invite Stephen Sprousse à peindre ses graffitis fluos sur un foulard de soie Monogram. C’est alors une réelle réussite et un réel élan pour le Street art, qui se voit sur le devant de la scène de la haute-couture.
Stephen Sprousse quitte notre monde en 2004, Marc Jacobs lance alors en hommage, une collection d’accessoires et de vêtements avec les motifs créés par ce dernier.
Mais cette fois-ci, il lui consacre une collection entière avec plus d'une quarantaine de pièces.
"J'ai essayé de prendre ce que Stephen avait fait pour Vuitton et de le mélanger à ce que j'avais dans la tête, pour en faire une création Vuitton pour Stephen, et non Stephen pour Vuitton" a déclaré Marc Jacobs.
Le directeur artistique de la marque a donc repris le célèbre graffiti de Sprouse en vert, rose et orange.
Louis Vuitton prend aussi l’initiative de lancer le site welovesprouse.com, qui diffuse des interviews de personnalités qui ont bien connu Stephen Sprouse comme Debbie Harry, Candy Pratts Price et Patricia Field, les internautes pourront également poster leurs impressions sur le travail de l'artiste.
Louis Vuitton / Foulards D’artistes
Louis Vuitton a déjà lancé 3 collections Foulards d'artistes.
Le volume I était une telle réussite qu’il a décidé de réitérer l’expérience. Louis Vuitton offre une occasion aux artistes issus du Street art pour exprimer leur univers et leur créativité sur les foulards de soie. La marque a collaboré avec des artistes de rue de renommée internationale.
La collection « Foulards d’artiste volume I ».
Pour la première collection de ces foulards, Louis Vuitton a invité à ses côtés pour collaborer ; Lady AIKO, une artiste de rue japonaise. Celle-ci a déclaré que la collaboration avec Louis Vuitton offrait un autre moyen d’exprimer sa créativité avec l’opportunité de créer des ponts.

« J’ai conçu cette écharpe pour tout le monde, même pour un public qui n’est pas familier avec le graffiti et le Street-art»

Retna nous propose son empreinte dans des teintes légères et pastel.
Os Gemeos nous re-design le foulard de soie en multipliant les visages jaunes mystiques et nonchalants.

La collection « Foulards d’artiste volume II ».

EINE imprime sur le foulard les lettres "Great Adventure" dans des couleurs pétillantes en caractère gras et en lettre majuscule, tout en restant fidèle à son univers.

Eko Nugroho nous met en scène une créature mystérieuse et fascinante. Elle mélange influences pop et inspirations plus traditionnelles.

eL Seed s’inspire et superpose la calligraphie arabe sur le motif du Monogra, comme dans ses œuvres de rue les plus reconnues.
La collection « Foulards d’artiste volume II ».
Pour la collection « Foulards d’artiste volume III » on peut apercevoir, le chilien INTI inspiré par sa culture ancestrale andine, il propose un carré aux couleurs solaire, qui fait référence à Wiracocha, une divinité Inca.

L’Américain Kenny Scharf, lui, est artiste pop et nous plonge dans un univers surréaliste, en nous offrant un foulard aux motifs astronomiques et psychédéliques.

Le graphiste André Saraiva, avons-nous réellement besoin de le présenter avec son fameux Monsieur A. Celui-ci nous présente un foulard épuré mais sans manquer de vivacité avec ces éclats de peinture fuchsia et son motif turquoise.

Chaque saison, la maison offre une déclinaison de son foulard imprimé léopard qui avait été développé autrefois par l’artiste Stephen Sprouse, dans différents coloris.
Chaque nouvelle collection de ces foulards d’artistes est un réel succès pour la marque de luxe française Louis Vuitton. Dès leur mise en vente les foulards de soie sont sold out. Ces collaborations permettent à Louis Vuitton d’approcher un thème en vogue : le Street art.
Les Foulards d’artistes sont disponibles dans les boutiques Louis Vuitton et sur leur site web. Tu pourras les retrouver au prix de 540€.
La collab’ Louis Vuitton / Takashi Murakami
En 2009, l’artiste japonais Takashi Murakami collabore avec la célèbre Louis Vuitton également. Il va offrir à la marque un visuel coloré, manga et kawaii sous la forme de pandas et de petites fleurs souriantes.
Toujours à son image et à celles des créations de l’artiste japonais, il reprend ce qui a fait son succès. Nous retrouvons donc forcément les fameux yeux typés manga dont disposent la plupart de ses créatures, de même que ses fleurs géantes et souriantes ou ses multiples champignons. S’y ajoute des petites fleurs simples et, bien sûr, le logo désormais célèbre de la marque, un “L” et un “V” entrelacés re décorés.
Je suis totalement fan du rendu final, et je trouve que les deux styles se mélangent parfaitement, pas toi ?
Mais parfois, cette union peut tourner au règlement de compte. Ainsi, en mars dernier, la marque H&M s'est attiré les foudres des street artistes en utilisant une œuvre de l'américain Revok sans son accord pour une campagne publicitaire. En réponse à sa plainte, H&M a attaqué l'artiste considérant que les graffitis sont des actes de vandalisme illégaux "qui ne peuvent pas jouir de la protection de ses droits d'auteur". Sous la pression de la communauté, l'arroseur arrosé (H&M) a finalement décidé d'abandonner les poursuites.
Loin d'être un cas isolé, cette affaire ravive le débat sur les copyrights et la légalité de ce mouvement qui a longtemps souffert d'un manque de considération.
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